Le fer ? faut le faire…

M. Bueche – culture et environnement

Outre notre relief calcaire, la région de Delémont, Moutier et Court est un des bassins les plus productifs de Suisse. On doit cette richesse à la présence de sédiments du sidérolitique. Ces formations présentent d’un point de vue minier trois intérêts majeurs : les sables à pisolites, riches en fer (60 % Fe2O3), les sables de quartz vitrifiables et les terres réfractaires. Les pisolites sont des noyaux sédimentaires autour desquels le fer s’est aggloméré ; ce sont de petites billes de couleur brun-noir, de quelques mm à quelques cm.

La formation du sidérolitique s’est faite en 10 millions d’années, à la suite de l’érosion du jeune massif alpin ; c’en est le résidu cristallin déposé par les fleuves sur le N du pays. La situation actuelle présente des couches importantes à pisolites dans la vallée de Delémont. Alors que les sables vitrifiables se sont déposés dans les dépressions calcaires ; on trouve ces affleurements de Saicourt-Sornetan à Mt Girod et à Chaluet.

Pour l’homme, l’exploitation des métaux est liée à la température de fusion : 1535°C pour le fer. Celle-ci a commencé très tôt dans notre région ; on trouve des vestiges de forges datant des Celtes ou des Romains. Au début et jusqu’au XVème siècle l’extraction du fer s’est faite de manière archaïque, au moyen de bas-fourneaux. Faute d’aération suffisante, ces installations permettaient juste de réduire l’oxyde de fer (1150°C) sans en permettre la fusion ! Les métallurgistes obtenaient une éponge de fer, soit quelques fragments de métal fondus entourés de scories. Cette masse informe devait être vigoureusement forgée pour en extraire toutes les impuretés. Le métal ainsi obtenu permettait la fabrication d’outils aratoires, forestiers ou encore de ferrures nécessaires aux charrons. Cela ne conduisait pas à une utilisation massive du fer, le bois restait encore un matériau de construction privilégié.

La construction de l’A16 a permis de mettre à jour des vestiges de ces anciens basfourneaux, décrits par les fouilles archéologiques de Combe Tenon et de Combe Chopin.

Au XIVème siècle, le haut-fourneau fait son apparition. C’est un dispositif puissant, qui grâce à une ventilation efficace, est capable d’obtenir la température nécessaire à la fusion du fer. Cette nouvelle technologie nécessite le choix d’un site approprié : du bois en suffisance pour fabriquer du charbon de bois, la force hydraulique de l’eau et le minerai. Vers 1840, Choindez répond à ces exigences et permet le démarrage de la révolution industrielle de la région. A ceci s’ajoute encore un petit coup de pouce du destin…

En 1867, une épidémie de choléra frappe Zürich, ce qui oblige les autorités à refaire leurs installations d’adduction d’eau. Choindez se découvre une nouvelle vocation : la fabrication de conduites en fonte qui équiperont Zürich, ainsi que d’autres cités menacées par le manque salubrité dans la distribution d’eau.

Pour terminer, il n’est pas inutile de mentionner que l’activité sidérurgique de Choindez nécessitait pour obtenir 1 tonne de fonte 37 stères de bois convertible en charbon, soit pour une production de 6 t/j -> 220 stères ou 120.000 m3 de bois par année ! Par bonheur pour nos forêts, la houille a remplacé le bois.


Petit Quiz :

Derborence, en quelle année a eu lieu le 2ème éboulement ?
Combien de victimes ?

Merci d’envoyer vos réponses à : michel.bueche45@gmail.com

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