Rando – éloge de la marche ?
Par M. Bueche, culture et environnement
On a coutume de dire que le « rire » est le propre de l’homme. Avant de rire, l’humain a du se mettre debout, ce qui l’a obligé à inventer la marche sur deux pattes. Ce fait semble bien banal. Pourtant, les études sur le déplacement des animaux montrent que nous sommes les seuls capables de nous déplacer sur deux pattes. Nos plus proches voisins, les gorilles ou les chimpanzés le font également, mais bien maladroitement. Ils doivent constamment s’appuyer sur les articulations de leurs doigts. De plus la station debout influence le port du crâne et, par voie de conséquence, le fonctionnement du cerveau.
Pour faire simple, on peut dire que la bipédie a favorisé l’émergence de la pensée… et notre faculté à se fendre la pêche !
Dans son ouvrage «Comment marchent les philosophes ? » Roger-Pol Droit ose établir une connexion profonde entre la marche et la philosophie.
La marche est une amorce de chute, rattrapée par la pose d’un pied devant soi. La marche serait une suite de chutes contrariées, une sorte de perpétuelle déstabilisation…
Par la pensée philosophique, nous sommes en mesure de connaître le monde qui nous entoure. Les Grecs de l’Antiquité la pratiquaient déjà avec intelligence en marchant, tels, par exemple, les péripatéticiens d’Aristote. La philosophie consisterait donc à déstabiliser sa pensée, puis à se rattraper par une réponse cohérente. C’est en fait une manière très fructueuse de consolider ses connaissances.
Cette analogie marche-philosophie a de tout temps guidé les philosophes dans la recherche d’une connaissance approfondie du monde.
Alors, philo-randonneurs, puisque c’est notre singularité, marchez… et fendez-vous la pêche!
Note :
afin de lever toute ambiguïté scabreuse, péripate en grec signifie promenade; les philosophes dissertaient tout en se promenant sous les colonnades. Rien à voir avec les dames qui racolent le client dans la rue.