22–23 févier 2025

Simplon

En roulant vers l’Est, remontant la vallée du Rhône ce samedi matin, l’aube m’éblouit de ses teintes rougeoyantes. Pourtant le ciel se dégage au lever du jour. Serait-ce une belle journée qui s’annonce ? Hélas, un panache de nuages déborde du Simplon, poussé par le fœhn. Tant pis pour la météo, je suis curieux de découvrir la région et me réjouis de faire connaissance avec les autres participants du weekend. Arrivé au col, ça souffle et c’est gris. L’hospice est un bâtiment imposant, ressemblant à une caserne. Seule sa couleur rose la distingue d’une garnison militaire du temps des diligences. À mon arrivée, je suis accueilli par David, Kathia, Daniel, Lara, Géraldine, Dan et Céline. Tous les 7 prennent le petit déjeuner après une nuit passée à l’Hospice. Je fais aussi la connaissance de Corinne et Thierry, qui arrivent comme moi ce matin. La météo brumeuse et venteuse nous incite tous à prolonger le petit déjeuner dans le confort du réfectoire. Nous bavardons paresseusement jusqu’à ce que David nous donne connaissance de l’objectif du jour : le Schilthorn.

Vers dix heures, nous partons vers le Sud jusqu’à Chluismatte, ou nous abandonnons les véhicules le long de la route du col. Le ciel nous encourage, montrant quelques taches bleues, alors que nous montons les premières pentes donnant accès au plateau des lacs gelés de Sirwoltu. Il y a de la neige en abondance, tous le monde est en forme et le soleil semble disposé à nous accompagner. Que demander de mieux? Malheureusement, à l’étage du dessus un nuage nous attend et nous gardera bien au frais jusqu’en haut. Nous cheminons dans un cirque entouré de  pentes raides lorsque nous apercevons par intermittence deux silhouettes, au loin à travers la brume. La vue de ces randonneurs nous donne une échelle des distances et nous montre l’itinéraire pour atteindre une épaule dominant le cirque au SE. David nous confirme que c’est le chemin à suivre. De l’épaule, nous remontons une dernière pente qui abouti à la crête sommitale. Nous suivons cette crête jusqu’à ce qu’une croix en fer signale que nous sommes arrivés. Le jour blanc ne nous lâche pas et c’est David, qui après avoir guidé le groupe jusqu’au sommet, nous mène vers l’itinéraire de descente sur le versant Sud-Est. La neige est dure et d’anciennes traces gelées réclament l’attention de chacun pour rester debout sur ses skis. Kathia ferme la marche, veillant avec élégance à ce que personne ne s’égare. Quelque 600 m plus bas, nous sortons enfin des nuages et choisissons un replat pour pique-niquer. La descente se poursuit jusqu’à l’alpage de Rossbodustaful sur une neige qui refuse toujours de coopérer, puis par la route menant au petit village d’Egga, ou nous avions pris soin de laisser 2 véhicules. Seuls les derniers mètres au dessus d’Egga nous auront accordé une neige un peu plus souple. Merci aux organisateurs de nous avoir guidé dans le brouillard sur cet itinéraire en boucle très intéressant, qui mérite sans aucun doute une nouvelle visite par meilleures conditions.

L’aspect extérieur un peu austère de l’ Hospice réserve un confort surprenant une fois à l’intérieur. Vestiaires chauffés, salles d’eau, salles de jeux, et même un petit bar offrent à chacun quelque moment de détente avant le souper. Pour ma part, le bar de l’hospice l’emporte sur le luxe d’une douche chaude, et j’ai plaisir à boire une bière en compagnie d’un chanoine et de ses amis. Après un bon souper partagé dans la bonne humeur, nous passons la soirée entre jeux de cartes et lectures dans les salons du 2e étage. On entend parler l’espagnol, l’allemand, l’anglais, le français à l’accent Québécois. Nous sommes au col du Simplon, un passage à travers les Alpes, au cœur de l’Europe. En rejoignant notre chambre de 10 lits bien remplie, j’ai des doutes quant au repos qu’offrira cette nuit de communion. Pourtant les ronfleurs se font discrets et il semble que nous soyons tous d’attaque dimanche matin au réveil. Après un solide petit déjeuner, nous partons tranquillement vers 10h pour la course du jour. David et Kathia nous ont préparé un joli itinéraire et aujourd’hui, la météo va le mettre en valeur.

Nous chaussons les skis au même départ que samedi, parmi de nombreux adeptes de randonnée venus du sud. Au fil de la montée, les groupes se dispersent et il y a de la place pour tout le monde. Pour se faire pardonner d’hier, le soleil nous offre aujourd’hui visibilité et chaleur. C’est un vrai plaisir de voir enfin les montagnes environnantes se dévoiler au cours de l’ascension. Arrivés aux petites gouilles de Sirwoltu, nous bifurquons aujourd’hui au NW en direction du Galehorn, via la Sirwoltusattel. A l’ouest de la selle, on découvre la vallée du Nanztal qui coule en ligne droite au Nord jusqu’à la vallée du Rhône. Ce fond de vallée accueillant, avec ses pentes modérées parsemées de petits sommets, invite à la randonnée à ski. Tout en cheminant vers notre objectif du jour, nous pouvons admirer sans réserve le Schilthorn visité hier, et un peu plus loin au Sud les presque 4000 mètres du Fletchhorn. Après un itinéraire en traversée, nous atteignons une dernière pente Sud s’atténuant en direction du plateau sommital orné d’une antenne. Il y a déjà passablement de monde sur cette montagne qui semble être la classique du dimanche, mais la terrasse panoramique au pied de l’antenne est libre et nous nous y installons pour pic-niquer. Il ne manque que le bar, les tables rondes et les chaises sur cette improbable plateforme. Le soleil brille, sans vent, en ce début d’après midi. Au nord, les nuages font de la résistance. La rive droite du Rhône est dans la ouate au dessus de 2000m. Aujourd’hui nous sommes au bon endroit. La pause de midi se prolonge, tant le soleil est agréable. Mais soudain, David est déjà sur ses ski et file quelques dizaines de mètres vers le Nord. Le signal est donné et nous suivons. Le temps d’une photo de groupe, tous bien alignés comme à l’école de ski, et nous quittons le plateau sommital. Notre guide nous mène au départ d’une belle combe orientée Sud-Est, qui nous invite a du beau ski sur une neige détendue à point. Les conditions seront ainsi sur toute la descente du versant E qui nous offrent ses belles pentes en neige de printemps. Chacun peut y skier à son aise et tracer de belles courbes. Arrivés en bas, nous traversons le torrent à Nideralp et remettons brièvement les peaux de phoques pour rejoindre la route du col. Après une verrée au restoroute non loin de l’hospice, nous reprenons chacun le chemin du retour.

J’aimerais remercier David et Kathia pour pour l’organisation de ce beau weekend, ainsi que les sept autres participants cités plus haut, pour leur accueil chaleureux. Pour moi, il s’agissait de ma première visite au Simplon et de ma première sortie avec les Pertuistes.

Pierre Weber

Galehorn, au départ de la descente du versant Sud-Est.  
Daniel au 1er plan, puis de gauche à droite : Pierre, Thierry, Kathia, David, Céline, Géraldine, Lara, Corinne et Dan.

l’approche du Schilthorn

au sommet du Schilthorn

le fond du Nanztal, vu du Galehorn.

nos 2 GO

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